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Comment parler avec une personne qui vous inquiète

Man on couch, talking on phone

1. Portez attention

Tout changement notable dans son comportement est un signe d’alerte que votre ami ne se porte peut-être pas bien. Ces changements comprennent :

  • Une consommation d’alcool plus importante qu’à l’habitude
  • Une apparence de fatigue ou une attitude distante
  • Un discours négatif sur la vie en général
  • Un comportement irritable ou colérique

Two men in car having a conversation

2. Initiez une conversation

Choisissez un cadre agréable.

  • Au téléphone
  • En voiture
  • En prenant un verre à un endroit que vous aimez
  • En travaillant à un projet

Mentionnez ce que vous avez remarqué.

  • « Je ne t’ai pas vu beaucoup ici ces derniers jours. Est-ce que tout va bien? »
  • Ne le blâmez pas et ne le faites pas sentir honteux.

Two men running and chatting

3. Entretenez la conversation

Posez des questions et écoutez ses réponses.

  • « L’autre jour tu m’as dit que ta vie était moche… qu’est-ce que ça veut dire pour toi? » Évitez de tenter de résoudre le problème instantanément.
  • Ne lui faites pas sentir qu’il exagère, et ne changez pas de sujet.
  • Appuyez-le et reconnaissez ses émotions : « Ça semble vraiment difficile. »
    • Si vous êtes encore inquiet à son sujet, demandez : « Est-ce que tu penses au suicide? » S’il répond positivement, ne paniquez pas.
    • Faites-lui savoir que vous êtes là pour lui : « Merci de me le confier. C’est vraiment difficile à faire. Veux-tu m’en parler un peu plus? Je suis là pour toi. »

Two men chatting at a cafe.

4. Demeurez dans les limites de votre rôle

Vous êtes un ami, pas un thérapeute.

  • À qui d’autre en a-t-il parlé? Encouragez-le à s’ouvrir à d’autres personnes.
  • Appelez ensemble Services de crises du Canada : 1-833-456-4566.
  • À la suite de la conversation, faites un suivi fréquent avec lui.
  • S’il planifie de façon imminente de mettre fin à sa vie, appelez le 911, et assurez-vous qu’il n’est pas laissé seul
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Les hommes et le suicide

Les hommes d’âge moyen (de 40 à 60 ans) meurent par suicide plus que quiconque, y compris les jeunes et les femmes (Statistique Canada, 2019).

On enseigne souvent aux hommes à ne pas parler de leurs émotions et, par conséquent, ceux-ci cachent souvent leur stress; ils vivent leur douleur émotionnelle en adoptant des comportements et en posant des gestes qui leur sont nuisibles, et ont parfois recours au suicide plutôt que de chercher de l’aide (Ogrodnickzuk et Oliffe, 2011).

À quoi doit-on s’attendre?

La présente ressource se veut une introduction à la prévention du suicide chez les hommes. Vous y apprendrez les statistiques, les signaux d’alerte, les raisons pour lesquelles les hommes sont plus à risque, et les manières de prévenir le suicide. Vous apprendrez également comment avoir une conversation avec une personne qui vous inquiète. Si vous connaissez une personne qui songe au suicide, ou si vous y songez vous-même, appelez votre service de crises local. Au Canada, composez le 1‑833‑456‑4566.

Statistiques

  • En 2018, au Canada, 3 811 suicides ont été recensés. De ces suicides, 2 880 concernaient des hommes (Statistique Canada, 2019).
  • Les hommes âgés de 45 à 65 ans sont les plus nombreux à se suicider. En 2018, 1 125 suicides ont été recensés dans cette tranche d’âge (Statistique Canada, 2019).
  • Les femmes tentent quatre fois plus souvent de se suicider que les hommes, MAIS les hommes meurent par suicide trois fois plus souvent que les femmes (Statistique Canada, 2019).

Signaux d’alerte

Les personnes qui songent au suicide montrent habituellement des signes d’avertissement. Tout changement important dans le comportement pourrait être un signal d’alerte. Les signaux d’alerte chez les hommes peuvent prendre les formes suivantes :

  • Perte d’intérêt pour les loisirs ou les activités qu’ils aiment habituellement
    • Ne pas se présenter aux événements qu’ils apprécient en temps normal
    • Donner des objets de valeur
  • Prendre de la distance par rapport à la famille et aux amis
    • Textos, appels et visites plus rares
    • Être moins présent et moins engagé dans les conversations
  • Changements dans les habitudes de sommeil ou d’alimentation
    • Dormir plus, même durant le jour, ou être agité et avoir de la difficulté à dormir
    • Manger moins et perdre du poids, ou manger de façon excessive et prendre du poids
  • Boire de l’alcool ou consommer des drogues en plus grande quantité qu’à l’habitude
  • Irritabilité et colère
  • Prise de risques et ambivalence quant aux conséquences
  • Suppression ou déni des sensations ou émotions, ou incapacité de ressentir les sensations ou les émotions
  • Commentaires spontanés ou inhabituels de désespoir, ou expression du sentiment d’être un fardeau pour les autres
  • Dire vouloir mourir ou se tuer
  • Chercher une manière de s’enlever la vie, ou avoir déjà un plan

(American Association of Suicidology, 2018)

Facteurs de risque et de protection

Avant même qu’une personne montre des signaux d’alerte, on peut en apprendre sur les risques qu’elle commette un suicide en considérant divers facteurs dans sa vie. Nous possédons tous des caractéristiques ou des traits qui peuvent exacerber ou atténuer les risques de passer au suicide.

Les « facteurs de risque » sont les facteurs qui augmentent les risques de suicide, et sont toujours contrebalancés par d’autres facteurs qui bâtissent et entretiennent la résilience, soit les « facteurs de protection ».

Facteur de risque – Résistance à chercher de l’aide : Les hommes qui refusent d’aller chercher de l’aide ont tendance à porter tout le fardeau seuls. Tout le monde a besoin de l’appui des autres à un moment ou à un autre.

Facteur de protection – Tendance à chercher de l’aide au besoin : Les hommes qui sont plus portés à faire appel à quelqu’un lorsqu’ils vivent des difficultés peuvent trouver de l’aide plus facilement, et mieux surmonter les circonstances négatives que ceux qui n’arrivent pas à demander de l’aide.

Facteur de risque – Hyper-masculinité : Les hommes qui sont éduqués avec l’idée que le fait de montrer ses émotions est une « faiblesse » sont plus susceptibles de cacher leurs émotions, ce qui peut finir par les dépasser, et les mener à un état de crise.

Facteur de protection – Aisance à montrer et à exprimer ses émotions : Les hommes qui acceptent leurs émotions et qui comprennent l’importance de les partager avec les autres sont davantage en mesure de s’en sortir, car il est plus probable qu’ils sachent gérer leurs émotions avant que celles-ci ne deviennent envahissantes.

Facteur de risque – Isolement social : Les hommes qui sont socialement isolés peuvent se sentir moins à l’aise de demander de l’aide, car ils n’ont pas d’êtres chers près d’eux. Il est également possible que les personnes à qui ils peuvent demander de l’aide soient moins nombreuses, et que moins de personnes remarquent qu’ils vivent des difficultés et leur offrent de l’aide. Les hommes sont généralement plus susceptibles que les femmes de perdre leurs relations avec le temps, souvent parce qu’ils priorisent leur carrière et leur succès financier au détriment de leurs relations.

Facteur de protection – Relations positives et solidaires avec des personnes proches, comme des membres de la famille, des amis, des collègues de travail, etc. : Les relations jouent le rôle de filet de sécurité lorsque les hommes songent au suicide, car ces personnes sont présentes pour offrir leur aide, ou pour aider lorsque la personne en difficulté leur demande de l’aide.

(Houle, Mishara et Chagnon, 2008; Ogrodniczuk et Oliffe, 2011; American Psychological Association, 2008)

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Facteurs de risque

Certains facteurs de risque peuvent faire en sorte que des hommes présentent des risques plus élevés que d’autres en matière de suicide.

Les hommes en général présentent un risque plus élevé de suicide, car ils ont tendance à choisir des méthodes plus létales pour se suicider. De plus, on leur enseigne souvent à ne pas montrer ou exprimer leurs émotions, ce qui les laisse avec le sentiment que toute démonstration de faiblesse portera atteinte à leur virilité.

Les hommes qui présentent les caractéristiques ou les comportements suivants, ou qui se trouvent dans les circonstances suivantes, pourraient également présenter un risque plus élevé de suicide :

  • Refus de chercher de l’aide
  • Hyper-masculinité (refoulement, difficulté à montrer ou à exprimer les émotions)
  • Isolement social (des amis ou de la famille, ou généralement sans amis ou sans contact avec les membres de la famille)
  • Comportement agressif et impulsif
  • Prise de risques
  • Consommation fréquente d’alcool ou de drogues interférant avec les activités quotidiennes
  • Tentative de suicide antérieure

(Houle, Mishara et Chagnon, 2008; Ogrodniczuk et Oliffe, 2011; American Psychological Association, 2008)

Facteurs de protection

Certains facteurs ou certaines circonstances peuvent limiter les pensées suicidaires et accroître la résilience chez certaines personnes. Voici quelques facteurs de protection pouvant favoriser la résilience chez les hommes :

  • Tendance à chercher de l’aide au besoin
  • Aisance à montrer et à exprimer les émotions
  • Relations positives et solidaires avec des personnes proches, comme des membres de la famille, des amis, des collègues, etc.

(Houle, Mishara et Chagnon, 2008; American Psychological Association, 2005)

Le paradoxe du sexe

Les hommes meurent par suicide plus souvent que les femmes (3 fois plus souvent), mais les femmes tentent de se suicider plus souvent que les hommes (5 fois plus souvent). Il existe plusieurs raisons pour cela :

  • Les hommes ont recours à des méthodes plus létales que les femmes
  • Les hommes sont moins susceptibles que les femmes de chercher de l’aide lorsqu’ils vivent des difficultés
  • La société s’attend à ce que les hommes persévèrent dans les moments difficiles, ne reviennent pas sur leurs décisions (y compris sur la décision de se suicider), et « livrent la marchandise ».

Un homme qui se sent déjà inadéquat ou « moins qu’un homme » parce qu’il a des pensées suicidaires non seulement ne cherchera pas d’aide, mais s’assurera aussi que le travail (le suicide) est bien fait (Canetto et Sakinofsky, 1998).

Masculinité et suicide

La société canadienne célèbre les qualités masculines – et pourquoi pas? Il y a beaucoup à célébrer. Toutefois, ces qualités peuvent accabler et consumer les hommes qu’elles définissent.

Les qualités masculines, tout comme les qualités féminines, ne sont ni positives ni négatives en soi, mais les attentes qu’elles supposent et la façon dont elles façonnent le comportement d’une personne peuvent nuire au bien-être de cette dernière.

Par exemple, on enseigne dès le jeune âge aux garçons à retenir leurs larmes, et on demande aux hommes d’endurer lorsqu’ils font face aux pressions de la vie : « Fais un homme de toi. » La robustesse et le stoïcisme sont attendus, et la vulnérabilité émotionnelle est perçue comme faisant de l’ombre à la virilité.

Ces attentes sociales peuvent décourager les hommes de chercher de l’aide lorsqu’ils vivent des problèmes de santé mentale, et les entraîner vers des stratégies destructives pour faire face à ces problèmes. Les hommes peuvent ainsi devenir plus à risque d’accroître leur utilisation de substances, d’adopter des comportements risqués, de vivre de la colère et de la frustration et, trop souvent, de se suicider. (Seager et al., 2014; Ogrodniczuk et Oliffe, 2011).

Comment prévenir le suicide chez les hommes?

Comme société, nous devons apprendre à mieux aider les hommes.

Les conjoint/es et les collègues peuvent être attentifs aux signes avant-coureurs du suicide chez les hommes qui les entourent. Si un homme devient plus irritable, par exemple, il s’agit d’un signal, pour ses conjoint/es et ses collègues, qu’il vit des difficultés.

Individuellement, nous pouvons créer un espace sécuritaire dans le cadre d’une conversation ouverte et sans jugement, et apprendre à poser des questions bienveillantes visant à ce que les hommes partagent et expriment leurs émotions. Si une personne vous inquiète, demandez de l’aide. Consultez la section « Comment parler avec une personne qui vous inquiète ».

Nous pouvons enseigner à tous, aux enfants comme aux adultes, que les émotions n’ont pas de sexe, et qu’il est correct et même nécessaire de montrer et d’exprimer ses émotions, et de demander de l’aide au besoin. Nous pouvons faire cela notamment en montrant et en exprimant nos propres émotions et en étant honnêtes lorsque les gens nous demandent comment nous allons. Nous pouvons également avoir des conversations plus significatives avec les gens en leur demandant « Comment vas-tu? Vraiment? », lorsque l’on soupçonne qu’ils vivent des difficultés.

Les hommes ont besoin de savoir où ils peuvent trouver de l’aide. En tant qu’individus, nous pouvons fournir de l’information aux personnes dont le comportement nous inquiète.

Les milieux de travail peuvent rendre les ressources facilement accessibles aux employés en communiquant leur existence, et en s’assurant que l’accès à ces ressources est confidentiel. Apprenez-en davantage sur ce que les milieux de travail peuvent faire grâce à notre trousse sur la prévention du suicide en milieu de travail (csprev.ca/workplace [en anglais seulement]).

Les médecins et autres professionnels de la santé peuvent jouer un rôle dans l’identification des hommes susceptibles de songer au suicide. Comme les hommes sont moins portés à discuter directement des problèmes qu’ils pourraient avoir, les cliniciens doivent devenir habiles dans la lecture du langage corporel, du ton de la voix et des autres signes physiques indiquant que l’homme avec qui ils parlent vit possiblement des difficultés. Les professionnels de la santé doivent être mieux formés pour détecter la dépression chez les hommes, laquelle peut souvent entraîner des émotions comme la colère, ou des gestes comme la consommation excessive d’alcool (Ogrodnickzuk Oliffe, 2011; Paraschakis, Michopoulos, Christoduolou, Koutsaftis et Douzenis, 2016).

Ce que les hommes peuvent faire

Les hommes peuvent entretenir des relations sociales qui pourraient leur sauver la vie en priorisant leurs amitiés et en entretenant de bonnes relations avec leurs proches. Ils peuvent participer à des programmes de soutien par les pairs offerts dans les écoles, au travail ou dans la communauté. L’engagement social, par exemple le fait de joindre une équipe sportive ou un ensemble musical peut aider à créer un sentiment d’appartenance et de connexion, et favoriser l’interaction avec d’autres hommes qui ont les mêmes intérêts, ou qui vivent des expériences ou des difficultés similaires.

Les hommes qui sont aux prises avec des pensées suicidaires peuvent trouver qu’il n’est pas facile de demander et de recevoir de l’aide. Cela peut prendre du temps avant de trouver des façons d’atténuer l’intensité de ces pensées. Soyez courageux. Soyez persistant : de l’aide existe.

Lecture recommandée (en anglais seulement)

Pour mieux comprendre les complexités au sujet du suicide chez les hommes, nous avons compilé une liste de lecture sur le sujet, accessible dans notre site : csprev.ca/men-reading-list.

Références

American Association of Suicidology. (2018). Know the Warning Signs of Suicide. Tiré du site : http://www.suicidology.org/resources/warning-signs.

American Psychological Association. (2005). Men: A different depression. Tiré du site : http://www.apa.org/research/action/men.aspx.

Canetto, S. et Sakinofsky, I. (1998). The gender paradox in suicide. Suicide and Life-Threatening Behavior, 28(1), 1-23.

Houle, J., Mishara, B. et Chagnon, F. (2008). An empirical test of a mediation model of the impact of the traditional male gender role on suicidal behavior in men. Journal of Affective Disorders, 107(1-3), 37-43.

Ogrodniczuk, J.S. et Oliffe, J. L. (2011). Men and depression. Canadian Family Physician, 57(2),153-155.

Paraschakis, A., Michopoulos, I., Christoduolou, C., Koutsaftis, F. et Douzenis, A. (2016). Psychiatric medication intake in suicide victims: Gender disparities and implications for suicide prevention. Journal of Forensic Sciences, 61(6), 1660-1663.

Seager, M., Sullivan, L. et Barry, J. (2014). Gender-related schemas and validation of the male and female gender scripts questionnaire. New Male Studies: An International Journal, 3(3), 34-54.

Statistique Canada. (2019) Tableau 13-10-0392-01. Décès et taux de mortalité par groupe d’âge, selon certains groupes de causes [base de données CANSIM]. Page consultée le 31 octobre 2019 : https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/en/tv.action?pid=13100139201.